La boîte à mots, le jeu : février 2017

mar 2017 -
Si les mots avaient des ailes

Les mots proposés pour notre jeu de février 2017:   OREILLER – GALIPETTE – FRISSONNER

Voici les textes que nous avons reçus :


PARURE ESTIVALE (OD)

Rappelle-toi belle amie
Nos délires nos ébats
Nos tendres galipettes
Et nos éclats de rire
Sous la couette du désir

Rappelle-toi belle amie
La forme des oreillers
Dans ce beau ciel d’été
Et ces nuages de pluie
Qui nous firent frissonner

Les blés dansaient dorés
Sur ta peau parsemée
De pétales coquelicots
Et dans nos yeux ravis
L’alouette immobile


La porte de l’espoir (Corinne P.)

Impatient d’atteindre le numéro 214 et son grand porche, Marc remontait l’avenue Mazarin d’un pas décidé. Il avait tant attendu et espéré ce rendez-vous. Il savait que son avenir en dépendrait.
La nuit avait été difficile. Anxieux, tendu, il avait passé la moitié du temps la tête enfouie sous son oreiller essayant de trouver le sommeil. Au petit matin, impatient, il s’était levé. Après une longue douche vivifiante, il avait pris le temps de soigner son apparence. La veille, il avait préparé son teeshirt fétiche qui mettant si bien en valeur sa musculature. Ainsi vêtu, il se sentait sûr de lui et capable d’affronter cette matinée décisive.
Depuis les longues années, il s’était entrainé assidûment à l’école du cirque et force de galipettes, pirouettes, musculation et exercices d’équilibre très techniques, il avait acquis une vraie maitrise de ces acrobaties. Elle lui permettait aujourd’hui d’espérer intégrer une troupe professionnelle.
Enfin arrivé sous le porche et après un coup d’œil rapide à sa montre ; il s’engagea vers sa destination finale.Il ne put s’empêcher de frissonner, en mettant la main sur la poignée de la porte qui indiquait : « salle des auditions. »
Il se redressa, ferma les yeux une seconde, prit une grande inspiration, et ouvrit la porte.


Du rêve à la réalité (Colette Kirk)

A la terrasse d’un café, Suzy et Manou bavardent en buvant leur « petit crème ».
Suzy à Manou :
– Regardes sur ta droite, depuis qu’on est arrivées, le beau brun en costume clair qui n’arrête pas de te mâter.
– Pourquoi moi et pas toi ?
– Non, non c’est bien pour toi. Et avec un tel regard de braise il y a de quoi frissonner ! Imagines, il se lève, vient vers toi et t’invite à sortir . Que fais-tu ?
– Je pense que j’accepterais. Mais attention ! Pas de galipettes le premier soir ! Non, je voudrais quelque chose de romantique : aller au cinéma ou au théâtre, un souper aux chandelles, une promenade au clair de lune. Puis il me raccompagnerait jusqu’à ma porte et après un chaste baiser me quitterait en attendant et espérant un nouveau rendez-vous. Alors j’irais me coucher et là, la tête sur l’oreiller je rêverais d’un avenir, ferais mille projets et…
– Stop ! Arrête ton char BenHur ! Vises la grande blonde qui vient de le rejoindre ! Et comment il l’embrasse ! Il lui sourit et maintenant n’a d’yeux que pour elle ! Déçue Manou ?
– Ouais !


LA SEMAINE DU BLANC (Hélène L.)

« Les enfants, s’il-vous plaît ! Voudriez-vous cesser de vous jeter sur les matelas d’exposition. Ce ne sont pas des toboggans, pour ça il existe des squares. »

Ils obtempèrent et cessent leurs enchaînements de roulades et de galipettes sur les lits immaculés.

Henriette n’en peut vraiment plus de cette fin de carrière qui s’étire. Vendeuse au rayon literie des Galeries Lafayette, ça n’était pas vraiment son rêve. Mais au fait, avait-elle jamais eu dans sa vie ce petit grain de folie, cette quête du Graal qui vous fait surfer sur la vague et avoir une vision, un rêve ?

Les enfants reprennent de plus belle leurs ébats, cette fois-ci à coup de bataille d’oreillers.

« Arrêtez immédiatement. Ça suffit ! Où sont vos parents ? »

Ces derniers accourent, un peu penauds du scandale occasionné par leurs rejetons. Ils reprennent la situation en main et les embarquent.

Décidément, cette « semaine du blanc » l’épuise chaque année d’avantage. D’ailleurs, du blanc, du lumineux, de l’optimisme quoi … elle en aurait bien un peu besoin pour relancer sa vie qui stagne. De se sentir comme dans une impasse la fait presque frissonner de malaise.

La voilà lucide. En fait, elle s’est toujours laissée porter par les événements, sans vraiment rien choisir pour elle-même. Et maintenant en quelque sorte, elle le paye. Mais est-il trop tard ?

Mise au pied du mur, elle décide ce soir-là en rentrant chez elle, d’infléchir le cours de son existence. Elle n’a plus droit à l’erreur, c’est sa dernière chance, il y a urgence. Et le simple fait d’en avoir pris la résolution la rend déjà comme plus légère. Elle ne sait pas encore quelle forme cela va pouvoir prendre mais seulement que ça va avoir lieu, être long et exigeant. Il est claire dans sa tête que c’est incontournable. Elle s’en fait la promesse : elle va tout faire pour que sa vie prenne de l’éclat, comme le linge immaculé que l’on vient d’étendre au soleil et qui sent bon le frais.


 SOUS LA COUETTE (Susan)

 Robert est dans mon lit, sa tête sur l’oreiller,
Sa respiration rapide me fait frissonner,
Délicieuse nuit, à deux sous la couette,
Entre longs étirements et sportives galipettes,
Son cœur qui bat…
Quel amour de chat !


Le dernier oreiller (Gg)

Coquinet le Renard Blond se baladait dans les bois dormants de la Belle. Il avait traversé le bac à Caudebec pour se retrouver au cœur de la forêt de Bretonne, là où, pensait-il, il allait se cachait sa dulcinée. Il croyait, en effet, aux dernières prédictions du Vieux Sage Vladimir, qui, au seuil de son dernier souffle, lui avait confié sur son ultime oreiller:

– Va vers l’Ouest Coquinet. Là-bas les forets regorgent d’élégantes renardes. L’une d’elles t’attend. Tu la reconnaîtras à son pelage, vert de s’être trop frotté aux chênes de la foret profonde en rêvant d’un beau mâle tel que toi. Les couleurs de vos poils se mélangeront afin de donner à votre descendance ce magnifique roux, perdu au fil des siècles.

Et Vladimir mourut dans un dernier soupir en pointant vaguement sur une mappemonde providentielle, un petit bout de Normandie.

C’est ainsi que Coquinet, coussinets en sang, oreilles grandes ouvertes et narines dilatées, sautillait de droite à gauche, au cœur de la forêt, dans le fol espoir de tomber nez-à-nez avec sa future bien-aimée.

D’un seul coup il s’arrêta: Là-bas, dans le décor enchanté d’une clairière illuminée, une renarde au poil vert s’amusait à faire des galipettes. C’est elle, ma dulcinée se dit-il illico et il bondit pour… retomber quatre pattes plus loin dans le filet d’un chasseur malveillant.

– Nous en tenons un, hurla une voix rauque. Coquinet se mit à frissonner. Puis, n’écoutant que son courage, il mordit la main de l’homme qui voulait l’attacher et se sauva d’un bond qui l’amena… tout à côté de sa dulcinée.

– Toi dit cette dernière, tu en as mis du temps. Viens vite m’aider à préparer le repas du soir. J’ai prévu une poule au pot, il ne me manque que le volatile.

Moralité: Méfiez-vous des oracles d’un vieux sage moribond.


Cavale (Caroline)

Malgré la chaleur de l’air je frissonne !
Je frissonne de peur !
Je suis en cavale.
Une affaire pourtant bien préparée qui a mal tourné.
Une alarme s’est mise en route et aussitôt les sirènes, les cris, les flics, les flics partout …
J’ai pu m’échapper et courir, courir à m’exploser le cœur et la tête …
Enfin j ‘ai trouvé refuge dans une cabane à outils cachée en lisière de la forêt.
D’un vieux sac de toile j’ai fait un oreiller afin de m’allonger pour me reposer.
Le revolver que j’y ai caché me rassure un peu.
L’étroite fenêtre par ou passe la lumiere est basse ; j’anticipe  » au cas ou  » comment d’une galipette je pourrais me retrouver dehors et…courir ….. courir encore…….


LA FIEVRE D’ETHAN (Martine)
Alice pousse la porte d’entrée tout en retirant son manteau et s’écrie :
– Coucou c’est moi. Où es-tu ?
– Je suis couché répond une voix agonisante provenant de la chambre à coucher.
Arrivée sur le seuil de la pièce, Alice voit Ethan frissonner. Sa chevelure hirsute surgit de l’oreiller. Un pâle sourire peine à éclairer son visage.
– Qu’est-ce qui t’arrives ? s’inquiète-t-elle.
– Je ne me sens pas bien du tout. J’ai pratiquement 40° de fièvre, gémit-il.
– Pauvre chéri ! Tu es dans un piteux état. Je vais te préparer une boisson chaude avec du miel puis je téléphonerai au médecin ensuite.
Quelques instants plus tard Alice revient avec une tasse fumante. Avec espièglerie, elle se penche vers lui et glisse à son oreille:
– Pas de galipettes ce soir pour la Saint Valentin alors ?
Mais Ethan n’a pas entendu sa femme. Brisé de fatigue, il vient de s’endormir. Loin de lui la Saint Valentin…


 

Le réveil d’un Ange (Patrice Alain)

 

Je voulais me réveiller,
Dans le creux de mon oreiller.
Je voulais couvrir mes rêves,
Comme dans un jour de trêve :

Avec bienfaisance, audace et félicité.
Je m’étais cloisonné, tout en frissonnant,
Dans des draps épais, un ciel grisonnant.

Factures impayées, commandes abandonnées,
Je m’étais mis en léthargie :
Signifiant par ce geste, empli de données,
Que l’actualité, couvait d’orgies.

D’ailleurs je succombais à d’autres rêves :
Voir l’Australie et sa quête d’oubli,
Suivre les flots où les mers mènent à Eve,
Suivre les torrents, les vents et les lis,
Suivre, suivre, l’horizon rempli de fièvre.

Je m’étais confiné,
Tout prêt, aux extrémités,
Pour rire de ces galipettes :
Je les mûrissais sous la couette.

J’étais tellement hardi :
En prouesse, rien ne m’égalait.
Il fallait qu’elles soient, Pardi,
En espèces, pour s’y régaler.

Je payais de ma personne,
Avec des mots enclins, sous l’oreiller.
Je payais pour que ça sonne :
Cette ivresse qui me tiraillait.

Et les pouvoirs incertains qui mènent au combat,
Je les assume, car je frissonne quand il me bat ;

Oui, je frissonne, car ce qu’il voit en moi,
Le Dieu tout-puissant, n’est pas la quête d’un roi,

Ce sont des galipettes dans mes pensées,
Des trajectoires servies au creux de mes mains :
Tout cet attirail qu’il faut bien encenser,
Je le rejette tout entier, maints et maints…

Je le rejette comme un sac d’ordures –
Ce que je fais sur mon oreiller,
Lorsque je frissonne dans la verdure,
Ce que j’y fais, me fait me réveiller.

 


 

Nous remercions les auteurs et rappelons que les textes leur appartiennent. Toute reproduction est interdite.