la boîte à mots, le jeu : octobre 2017

oct 2017 -
Si les mots avaient des ailes

Voici les 3 mots de octobre 2017 :  ÉPINE – FRIMAS – PARFUM


voir les règles du jeu ici


 

Voici les textes que nous avons reçus :



 La Belle Endormie (Colette Kirk)

Pendant l’hiver et ses frimas
Tombe la neige sur mon toit.
Mais quand s’achèvera le froid
Changera le panorama.
Dès que le printemps reviendra,
Regardez bien, on l’aperçoit.
Pendant l’hiver et ses frimas
Tombe la neige sur mon toit.
Que déjà change le climat
De ce beau pays Québécois
Où rose sans épine croît.
Parfum gardant l’anonymat
Pendant l’hiver et ses frimas.


LA RENCONTRE (Martine)

Le froid cristallise les platanes et leurs branches décharnées sont tapissées d’un givre immaculé. Un parfum hivernal a envahi l’atmosphère. Les frimas de l’hiver qui se sont invités pour quelques mois !
– Aie !
Adrienne vient de chuter sur une plaque de verglas. Légèrement groggy,  elle peine à se relever empêtré dans son duffle coat. Une voix profonde retentit alors derrière elle :
–    Permettez ! Je vais vous aider à vous relever.
Gênée, elle détourne la tête et est aussitôt subjuguée par l’homme qui lui tend la main. Immédiatement, elle lui tend la sienne en esquissant un timide « merci » et se retrouve debout, plaquée à l’inconnu qui ne paraît pas vouloir la lâcher.
Qu’elle est douce cette étreinte ! Son sauveur dégage une puissance rassurante et son regard d’acier la transperce telle une épine s’enfonçant dans sa chair.
L’homme esquisse un sourire et se présente :
–    Je m’appelle Léopold.
–    Moi c’est Adrienne.
–    Avez-vous le temps de venir prendre un café pour vous remettre de vos émotions ?
Adrienne est déjà très en retard ce matin… mais la tentation de rester avec Léopold est la plus forte. Surprise d’elle-même, elle répond :
–    Oui bien sûr ! Ainsi nous ferons plus ample connaissance.
Cette rencontre a eu lieu il y a……soixante quinze ans ! Aujourd’hui, le froid cristallise les platanes, les branches dénudées sont  tapissées d’un givre immaculé, le parfum hivernal a envahi l’atmosphère, les frimas de l’hiver se sont invités pour quelques mois mais le vieux couple reste sagement au coin du feu en attendant des jours meilleurs !


Souvenirs joyeux ! (Caroline)
Les mûres .
Jolis petits grelots rouges et charnus accrochés aux rameaux flexibles de la ronce .
Dans les chemins creux vous egayez le vert des haies de vos grappes gourmandes et colorées .
Vous êtes si tentants et appetissants que l’on va se risquer à glisser la main entre les épines pour cueillir quelques uns de ces petits cadeaux de la nature.
Les plus beaux fruits sont , bien sûr , au sommet du buisson afin de capter le soleil qui leur donne ce parfum délicat .
La plante se défend et de ses épines acérérees retient le bras du chapardeur !
Mais qu’importent les mains griffees , le pantalon tache , les ongles violets ……..
Le jus sucré explose dans la bouche lorsque nous écrasons la bille joufflue entre la langue et le palais , en évitant d’y mettre les dents car les pépins sont redoutables de malice pour s’y cacher….
Gorgeons nous de soleil , goûtons aux plaisirs de l’été ….
Les frimas seront bientôt la …. le froid , le gris , le silence …..
Les mûres disparaîtront , la ronce s’endormira …..
Au repos elle passera l’hiver …pour se réveiller au printemps , prendre de la vigueur , s’orner de fleurs fragiles …. puis de délicieux fruits sauvages , et avec eux nous retrouverons la légèreté de nos souvenirs d’enfance ….


Eté Indien (Eleni)

Samedi midi : elle revient de son cours de yoga, apaisée, comme sur un petit nuage et ayant emporté avec elle la dose de calme puisée là-bas. La température est quasi estivale pour cette mi-octobre : une belle arrière-saison se profile. Elle est détendue et prend délibérément son temps, ce qui ne l’empêchera pas de pourvoir à l’intendance de la famille. En fait de famille, les enfants sont maintenant là en pointillés et le mari travaille comme un fou. Pour les repas c’est parfois un peu le flou de savoir qui sera là ou pas. Alors elle en prend son parti, elle a ses activités et vit sa vie. Un marché d’artisanat d’art se tient sur la place de l’église et elle choisit d’y flâner, en quête d’éventuels cadeaux de Noël. Mieux vaut s’y prendre à l’avance, telle est sa devise, afin d’éviter les achats de gadgets de dernière minute. Elle s’attarde, de stand en stand et se décide pour deux sets de bijoux pour ses filles : chacune recevra un ensemble ras de cou et bracelet, l’aînée en noir, teinte à la fois classique et raffinée et la cadette en orange, teinte pétillante correspondant plus à son tempérament. Les points de vente de layette ne sont plus d’actualité pour elle et ceux de céramique d’un style très discutable. Il en faut pour tous les goûts comme toujours dans ce genre d’endroit.
De retour à la maison, elle s’active à dresser sur la terrasse la table pour elle et son mari, en principe … Autant en profiter avant les premiers frimas de l’automne. Elle descend les quelques marches de bois conduisant au jardin. Le rosier ancien, remontant -il était déjà là à l’acquisition de la maison- donne encore des fleurs à foison. Elle a eu raison de le tailler à nouveau dès le retour des vacances. Elle incline une corolle vers son visage, laissant perler quelques gouttes de rosée encore nichées au centre. Complètement ouverte, avec des pétales jaune poussin légèrement frisottés sur le pourtour, celle-ci exhale pleinement dans le soleil qui l’éclaire, un parfum léger mais suave. Ce rosier fait partie de ces espèces d’autrefois que l’on ne trouve plus à acheter mais qui savent vous donner des fleurs à la fois belles et odorantes. De nos jours les gens préfèrent des roses belles selon leurs critères, c’est-à-dire sans épine afin d’éviter de se piquer mais d’odeur il n’y en a plus. Elle poursuit son inspection et papillonne, de plantes en plantes, constatant par-ci les progrès de l’une et au contraire par-là les difficultés à croitre d’une autre. Elle cueille quelques brins de romarin et de thym pour son plat de viande. En région parisienne ce dernier a toujours eu une vie tourmentée, une vie de parent pauvre, privée la majeur partie du temps du soleil nécessaire à son épanouissement. De retour à la cuisine elle met son four à préchauffer car elle y enfournera d’ici quelques minutes un travers de porc aux herbes aromatiques que viendront compléter des tomates à la provençale. Ayant vérifié que tout était en train, elle s’accorde un temps de lecture sur la terrasse, à deux ou trois reprises interrompu par le suivi de la cuisson. Puis voyant les aiguilles défiler sur sa montre, tout étant fin prêt et la viande risquant de se dessécher, elle se décide à envoyer sur son téléphone portable un message à son mari : « Trop faim, je passe à table ! »


Le cantonnier de Jouy-en-Josas (Gg)
Achille, le cantonnier de Jouy-en-Josas, avançait circonspect, bêche à l’épaule et marguerites aux pieds, sur un sentier saturé d’herbes mauvaises à l’assaut de pavés délabrés. Que pouvait-il bien chercher dans cet univers cauchemardesque où chaque pas est un danger, surtout pour les coureurs à pied. Lui-même n’en avait aucune idée, aussi, quand il entendit une petite voix l’appeler, sur un ton câlin, il n’en fût pas autrement surpris.
– Achille murmurait-elle, fais bien attention à ne pas m’écraser, je suis si petite et si fragile voix-tu.
Achille se pencha en avant, et, ne voyant rien d’autre que des herbes râpeuses et agressives, se mit à quatre pattes, le nez au ras du sol.
– Par là Achille, juste en dessous de la quatrième feuille de ce trèfle qui a la bonté de me protéger.
Avec toutes les précautions possibles, Achille écarta les herbes folles et découvrit, oh miracle de la vie, une toute petite fleur d’une beauté sans pareille. Il se pencha davantage et elle lui envoya alors une bouffée envoûtante de son parfum délicat, de quoi faire tourner la tête de n’importe quel homme, notamment les Achille.
– Veux-tu me retirer la vilaine épine que ma voisine, que le diable ait son âme, m’a plantée sur ma tige parce qu’elle était jalouse de ma beauté.
Achille s’exécuta et pour ce faire il prît la tige de la fleur entre son pouce et son index et crût défaillir à ce contact. Il trouva l’horrible épine et l’arracha en fermant les yeux. Quand il les rouvrit, il vit la fleur épanouie, qui s’ouvrait davantage en se tendant vers lui.
– Merci et maintenant j’ai une autre requête à te faire.
Que pouvait répondre ce brave homme. Il hocha la tête en signe d’assentiment.
– Voilà. Bientôt les durs frimas des nuits d’octobre vont me tuer. Alors, s’il-te plaît, cueille-moi. Prends tout de moi y compris mes racines et installe-moi au sommet de ton crâne pour l’éternité.
Achille accepta avec enthousiasme. C’est ainsi que, depuis ce temps-là, on voit partout le cantonnier de Jouy-en-Josas, promener sa fleur au sommet de son crane.

 


 

Les chataîgnes (Susan)

Grand-père  guettait  toujours les frimas de novembre pour  nettoyer l’âtre et  allumer la  première flambée dans la grande cheminée du salon.  J’attendais ce jour  avec impatience, car cela signifiait que le moment des châtaignes grillées était enfin arrivé.  Depuis bientôt un mois nous arpentions les collines environnantes tous les jours dès la sortie de l’école. Le sous-bois, parfumé de l’odeur musquée des feuilles en décomposition,  nous offrait des cadeaux merveilleux : cèpes pulpeux  avec lesquels grand’mère nous préparait une omelette, mûres qu’on cueillait en faisant bien attention de ne pas se faire piquer par les épines et que l’on rangeait dans une boite métallique,  petites pommes sauvages aussitôt cuites en compote, et bien sûr, les châtaignes robustes et rebondies,  fierté de notre famille, car c’est un lointain parent qui a planté la châtaigneraie du village. Toutes nos récoltes se mangeaient  le soir même, sauf les châtaignes. Nous les placions dans le cellier sur une grille où elles patientaient  une semaine ou deux. J’allais les voir souvent car j’adorais les prendre dans mes mains, faire briller leurs écorces lisses et brunes et imaginer, l’eau à la bouche, le jour où elles passeraient dans la grande poêle dédiée à cet effet.  La première dégustation des châtaignes était une grande fête, organisée avec soin. Elle marquait l’entrée dans l’hiver, et signifiait que Noël allait bientôt arriver.


 

Frimas  Epine Parfum (Corinne)

Infinis frimas
Tes épines me pénètrent
Parfum de douleur


 

Nous remercions les auteurs et rappelons que les textes leur appartiennent. Toute reproduction est interdite.