La boîte à mots, le jeu : janvier 2017

jan 2017 -
Si les mots avaient des ailes

Les mots proposés pour notre jeu de janvier 2017:   BATEAU – RÉPONDS-MOI – DOUCEUR

Voici les textes que nous avons reçus :


Message personnel (Mademoiz’Ailes)

Message personnel 
Mon bateau, ma douceur, réponds-moi...

 


Ailleurs (Elisa M.Poggio)

Amène la voile en douceur, matelot. C’est un rêve de gosse, couleur carte postale, le monde en bateau. Il te semble sentir la brise et la morsure du soleil. Le goût des souvenirs, ou plutôt le souvenir des rêves d’alors, pleins d’innocence. Tu rajustes tes lunettes noires, tandis que la poupée à ton bras s’impatiente :

— Dis, alors, une croisière ?

Tu hausses les épaules, l’humeur au caprice.

— Je préférerais un voilier qu’un gros paquebot…

— Qu’est-ce que tu racontes, tu ne sais pas manœuvrer ces engins-là ! Si ? Réponds-moi !

Mais ton esprit vagabonde sur les vagues transparentes d’une Méditerranée idéale. Sous la lumière du midi, les blancs éclatent et les foulards dansent.

Il y aura toujours, quelque part, une fête des fleurs.

 


L’amour de ma vie (Susan)

-Qu’est-ce que tu en penses.

-De quoi ?

-Mais de Jeanne voyons.

-Pas grande  chose. C’est le genre de fille qui ne m’emballe pas. Elle manque vraiment d’authenticité.  Sa bouche, ses dents,  ses cheveux roussâtres ET surtout  ses seins : tout est faux.  Elle sort  droit d’un relooker pour midinettes bas de gamme. Et la façon qu’elle a de te parler en susurrant avec cette  douceur  faussement languissante, en battant les cils et en passant sa langue sur les lèvres.  C’est tellement clair qu’elle te mène en bateau. Une cruche ! Laisse tomber.

-Tu es vache quand-même. Moi, je la trouve très belle, ravissante même. En plus, elle est très intelligente. Elle a même lu Homer en v.o.  Une fille avec de la culture, bilingue en plus ! Je crois qu’elle est l’amour de ma vie… Mais qu’est-ce que tu as ? Tu en fais une drôle de tête. Eh, réponds- moi !

-Suis mon regard. La voilà, ta Jeanne. Elle va entrer dans la pizzeria, amoureusement pendue au bras de Richard. Franchement, elle se fiche de toi mon pote !

-M…. alors ! Quel coup dur ! Je vais peut-être mourir de chagrin… Attends ! Regarde sur la terrasse…deux petites nanas seules en train de prendre le café. On y va ? Et puis je dois t’avouer, je crois bien que pour ses seins tu as raison.

 


MAMADOU, LE PETIT AFRICAIN (Martine)

Paisiblement endormi dans son lit en forme de bateau, Mamadou songe à l’homme savant qui lui apprend à lire et à écrire chaque jour à l’école. Au fil des semaines, les beaux livres de la bibliothèque de sa classe n’ont plus de secrets pour lui.

S’enfonçant un peu plus sous sa natte, il s’imagine nager dans un océan de douceurs. Les fonds marins tapissés de coraux multicolores regorgent de poissons lune qui s’ébattent gaiement dans des bulles translucides. Arrivera-t-il à les rattraper ?

Recroquevillé sur lui-même, des rêves plein la tête, il est brutalement tiré de sa torpeur par une voix impétueuse : « Réponds-moi ». Serait-ce un requin baleine ?

Il ouvre un œil, puis l’autre et aperçoit le visage bienveillant d’Anra, sa Maman,

« Petit Mamadou il est l’heure de te lever pour venir goûter. Viens. Je t’ai préparé des douceurs pour ton quatre heures ».

 


MAL DE TOI (Hélène L.)

Voilà. J’ai gagné le large. J’ai sauté du bateau. La douceur de l’onde, tout à la fois m’enveloppe et m’aspire. Réponds-moi ma bien aimée : qu’ai-je fait pour te perdre ?


 Amour et fidélité (Colette Kirk)

Lorsque j’ai rencontré Titine la première fois, j’ai su qu’elle serait le grand amour de ma vie. Et cela a duré plus de vingt ans. Nous ne pouvions plus nous quitter. Pour les vacances nous allions au bord de la mer à Etretat où près des falaises nous pouvions humer les effluves iodées du grand large. A Nice, dans la  douceur du soir, nous longions la Promenade des Anglais. Une année même nous avons fait tous les châteaux de la Loire. A la fin de la semaine par beau temps, c’est au bord de la Marne que nous allions camper. Je louais un petit bateau pour aller pêcher la truite que je faisais cuire sur le feu de camps pour le repas du soir. Titine et moi, allongés l’un contre l’autre, nous dormions à la belle étoile. Le temps a passé, les années se sont accumulées, la vieillesse est venue, un jour Titine s’est éteinte. Jusqu’à la fin je suis restée près d’elle, l’implorant de ne pas me quitter :
– Titine, réponds-moi, ne m’abandonnes pas ?

Mais comment aurait-elle pu me répondre, ce n’était qu’une voiture partant à la casse.

 


Paresse au bord de l’eau (Odile D.)

Alice s’étira lentement. La douceur de cette fin d’après-midi l’avait plongée dans une somnolence permettant à ses membres une agréable détente.
Elle avait cru entendre une voix, elle ouvrit les yeux et fixa la petite branche du saule pleureur, sous lequel elle avait déplié son transat, qui se balançait au gré d’un souffle léger. Aucun bruit. Seul le clapotis du petit cours d’eau qui longeait la propriété la berçait dans cette douce rêverie. Et pourtant …elle avait bien cru qu’on l’appelait…
De nouveau la voix se fit entendre; c’était bien celle de son frère qui l’avait sortie de sa torpeur.
– « Alice, t’es où ? réponds-moi »
Alice se redressa pour se mettre debout au moment où François débouchait de l’allée qui mène à la maison.
– « Je te cherchais ! Il fait chaud, si on allait jouer au bord de la rivière, on pourrait emprunter le bateau de grand-père  »
Elle se leva, encore un peu engourdie, s’étira et le suivit mollement. L’eau coulait, limpide, mais la barque n’était plus amarrée au ponton …
Au loin, ils distinguèrent grand père assoupi, son canotier le protégeant des rayons du soleil, se laissant bercer au rythme du vent, le fil de sa canne à pêche flottant doucement.

 


 

Allo (Caroline R.)

Allo ? … Allo ? Salut frérot.

La mère m’a dit que tu étais parti faire un tour en bateau. C’est bien, mais vas y en douceur, c’est un vieux rafiot qui ne tient plus … « la route » … ha ha ha, je rigole… Allo … allo… tu captes mal ? Je te disais : fais gaffe, d’autant que la météo est mauvaise ! Ils annoncent gros temps, orage et grêle … tu devrais « rapatrier ». Allo, tu m’entends ?… on a coupé ! allo..

Oh putain, ça arrive par ici, ça souffle et ça cisaille dur… allo reviens ! Allo… Allo… réponds-moi nom de Dieu… Allo ? Réponds-moi …

 


 

Nous remercions les auteurs et rappelons que les textes leur appartiennent. Toute reproduction est interdite.