La boîte à mots, le jeu : décembre 2017

jan 2018 -
Si les mots avaient des ailes

Voici les 3 mots de décembre 2017 :  RÊVE – ÉTOILE – SOYEUX


voir les règles du jeu ici


 

Voici les textes que nous avons reçus :



CONTE POUR ENFANTS SAGES (Martine Ponthieu)

Recroquevillée dans le froid céleste, une petite étoile regarde les comètes filer à toute allure en froufroutant dans la nuit.
Soudain, l’une d’entre elles la frôle si près que la petite étoile songe un instant qu’elle l’a percutée. Mais non ! Elle s’était assoupie. Ce n’était qu’un mauvais rêve.
Brusquement, un chatouillis soyeux sur l’une de ses pointes la fait éternuer. Elle aperçoit alors une minuscule forme translucide qui lisse soigneusement deux ailes posées sur ses épaules.
– Qui es-tu ? demande la petite étoile.
– Je suis une fée qui s’est égarée.
La petite étoile est surprise. Les fées existent donc vraiment !
C’est alors que surgit la Grande Ourse. Fronçant des sourcils, elle s’exclame :
– Encore toi petite fée indisciplinée ! Quand cesseras-tu de vagabonder. C’est la deuxième fois que tu te perds cette semaine ! Je vais être obligée de prévenir le Conseil Supérieur des Fées.
Penaude, la petite fée murmure :
– C’est parce que je recherche la maison du Père Noël pour lui demander de ne pas oublier un petit garçon qui habite au fond de la forêt dans une vieille cabane.
Attendrie par la petite Fée, La Grande Ourse se radoucit et répond :
– Bon ! Je ne dirai rien cette fois-ci. Dépêches toi de retrouver tes amies qui viennent de passer mon grand chariot. Tant qu’au petit garçon au fond de la forêt je suis certaine que les lutins du Père Noël l’ont inscrit sur leur liste. Il ne sera pas oublié sois tranquille.
Rassurée, la Petite Fée bat des ailes puis s’envole vers son destin alors que la petite étoile regarde, à nouveau, les comètes filer à toute allure en froufroutant dans la nuit.

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La crème antirides (Susan Clot)

Elle : Tu n’as pas vu ma crème antirides? Ca m’agace. Je l’ai laissée exprès sur la paillasse hier, et maintenant elle n’y est plus. J’ai l’impression de devenir sénile.
Lui : C’est connu : quand la peau se ride, le cerveau devient lisse. C’est normal après cinquante ans.
Elle : Je n’ai pas encore cinquante ans.
Lui : Justement, ça promet. Pour ta crème, si tu parles de ce tube ratatiné marqué « Rêve Etoilé », c’est moi qui l’ai pris pour lubrifier la penne de la porte de la salle de bains. J’ai terminé le tube, alors je l’ai mis à la poubelle.
Elle : Quoi ? Ce truc a coûté une fortune. J’en avais spécialement besoin aujourd’hui car j’ai rendez-vous avec Elodie, ma copine de lycée, celle qui a la peau tellement soyeuse qu’elle fait vingt ans de moins que moi. Il faut que j’aie l’air jeune et éblouissant. Tu t’es servi de ma crème, sans me demander…comme ça ?! Mais ce n’est pas vrai ! Et la scène que tu m’as faite quand j’ai pris juste un tout petit bout de ton sparadrap spécial randonné pour le mettre sur mon ongle qui me faisait si mal.
Lui : Oui, mais tu as mal fermé la boite et tout le rouleau s’est desséché.
Elle: Je n’ai quand même pas jeté la boite à la poubelle !
Lui : Tu aurais pu. Mais ça aurait été un délit : destruction de pièces à conviction. Tu aurais été en prison.
Elle: Je t’aurais dit qu’à cinquante ans tout le monde devient sénile et que tu avais terminé ton sparadrap depuis belle lurette, voilà. Et puis toi, tu t’es bien débarrassé de mon tube.
Lui : Tu as raison. Tu devrais embaucher un avocat.
Elle: Et puis le sparadrap ça peut se partager, mais la crème, c’est personnelle. Tu n’as qu’à utiliser ma brosse à dent, ou mon baume aux lèvres pendant que tu y es.
Lui: Oui, c’est ça. La prochaine fois que la penne de la porte se coince je vais y appliquer ton baume aux lèvres avec ta brosse à dents. Je n’y aurais pas pensé.

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Ténèbres (Corinne P)

Je ferme les yeux,
Il surgit.
Il revient chaque matin,
Il revient chaque nuit.
Toujours le même décor,
Une noirceur sans étoile, une opacité sans lune.
Absorbé par les ténèbres, le train disparait.
Seule, abandonnée sur le quai désert,
Accablée, je pleure.
Je pleure tellement,
Je chancelle.
Dans mes mains son écharpe bleue,
Cachemire soyeux parfumé d’instants heureux.
J’y plonge mon visage.
J’inhale, désespérée l’essence d’une autre vie.
Je tombe.
Il ne reviendra plus.
Pour toujours, il est parti.
C’est fini.

Pourtant chaque jour,
Et aussi, chaque nuit,
Ce rêve me ramène près de lui,
Vers cet instant brulant où il dépose sur ma joue,
Le souffle de l’adieu.
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Le moment de mes rêves ( Patrice )

Il est venu un moment, lorsque je m’évadais pour des rêves où le semblable n’avait pas son pareil, et que j’économisais les bougies qui me servaient de cierge, car je priais fort le seigneur pour qu’il me vît dans la détresse et ait pitié de moi, où mes yeux ne distinguaient plus le faux du vrai.
J’étais immergé dans des songes de réussites alors que je vivais de ce que voulaient bien me donner les gens lorsque je faisais le trottoir. Il m’arrivait de vouloir pleurer mais c’était trop facile, je veux dire que les mots me manquaient pour exprimer tout mon désarroi, alors je regardais le ciel, la nuit, je regardais les étoiles et notamment : Pégase, qui me fascinait, elle qui brillait sans cesse, moi qui restait plus sombre qu’une toile de Léonard De Vinci…
Et puis un jour je rencontrais ma moitié, enfin celle qui a fait un bout de chemin avec moi.
Elle était maigre, les cheveux noirs et il lui manquait une dent au milieu de son sourire. Elle était comme moi : ne sachant où aller… Ses parents étaient décédés il y avait sept ans de cela et les huissiers ont saisi ce que le père avait laissé comme dettes de jeu, alors elle se retrouva vite en foyer… Elle était plus jeune que moi, mais on se réchauffait, on s’était trouvé, elle me faisait penser à une bohémienne et lorsqu’on faisait l’Amour, on oubliait tout, le temps n’avait plus d’espace, on se vidait de cette saleté de vie…
Et puis, un beau jour, elle me quitta mais avait laissé un billet de 500 €…
Je m’empressais de m’acheter quelques habits, de bien manger et de trouver du travail. Il ne me fallait pas plus de deux jours pour trouver un poste de plongeur dans un restaurant Courtepaille.
Au départ je m’étais mis à proximité, dans un fossé, avec des cartons pour me protéger du froid, et comme il y avait des douches au restaurant, j’en prenais une, très tôt le matin, pour qu’on ne me vît pas. En tout cas mes collègues…
Et puis je commençais à économiser pour me trouver un logement, j’avais pu signer un CDI au bout de six mois, ce qui faisait mes affaires, mais j’étais obligé de m’éloigner car les prix étaient de moins en moins chers, à mesure que mon lieu de travail disparaissait pour la campagne…
Un jour, que je me réveillais dans mes draps soyeux, je repensais à tout ça : à mon parcours pour enfin sortir la tête de l’eau… Et puis je rêvais, le nez plongé au creux de mon étoile : Pégase, elle qui m’avait soutenue, et… Je replongeais dans mon lit, des plus soyeux…

 


De profundis (Caroline)

Il était né en regardant l’étoile !
Et depuis il courait… pour l’attraper il courait…
Parfois il la frôlait, ça lui laissait un peu de poussière d’or au bout des doigts.
Son rêve c’était voler, s’évader, loin la haut, se poser sur les nuages…
A l’époque chaque week-end nous nous retrouvions entre copains, et Dieu que la fête était belle ! Pas très sérieuse mais nous étions jeunes !…
Après mille métiers et beaucoup de ténacité , il réussi à intégrer une école de l’air et fut embauché chez Brit air .
Je ne l’ai vu que rarement en uniforme avec les « guirlandes » comme il appelait les galons qui ornent les vestes et casquettes des aviateurs. Tout ce qu’il détestait !
C’était un être exceptionnel !
Ses envies et ses besoins étaient trop denses, ses désirs trop forts et sa fragilité à fleur de peau !
Le mélange était explosif assorti d’un sourire … soyeux … qui lui donnait ce charme lumineux qui ne laissait personne indifférent.
Il a bourlingué dans des endroits inconnus des touristes. L’Amérique du Sud, l’Inde, à pieds les mains dans les poches !… toujours plus loin …
La vie « filant » il s’était fait construire en montagne un chalet en rondins et laine de mouton. Pas de voisins et vue imprenable.
C’était son refuge .
Mais … devenir vieux … les petits projets … les habitudes … les petits plaisirs de l’âge … ne plus se révolter … abdiquer…
Ce n’était pas pour lui !
Il était « jeune » à vie !
Avec un éclair au bout de son fusil il est parti retrouver son étoile…
Bon voyage…

 


La lettre au Père Noël (Colette)

Cher Père Noël
Un jour, mon papa est parti pour faire un grand, grand voyage dans les étoiles. Maman m’a dit qu’il ne reviendra pas et c’est pour ça qu’elle est toujours triste. Pouvez-vous lui apporter un joli tissus soyeux pour qu’elle se fasse une belle robe? Je voudrais qu’elle soit de nouveau heureuse et qu’elle rit. Souvent je rêve de mon papa, il me manque. Avec votre traîneau dans le ciel, si vous le rencontrez, vous lui direz que je l’aime très fort et que je ne l’oublie pas.
Merci Jeannot



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