Le règne des animaux

juil 2015 -
Si les mots avaient des ailes

par Christine D.

Léon inventeur de génie travaille dans son laboratoire à sa dernière expérience : faire parler Mxy004, son singe de laboratoire. Après une dernière manipulation sur le cerveau de Mxy004, dans la zone du langage, Léon attend avec impatience le réveil du singe. Léon est ravi, cette nouvelle greffe et le conditionnement de Mxy004 va permettre à celui-ci de parler et pourquoi pas de converser avec lui. Sorti des brumes de l’anesthésie, Mxy004 émet enfin quelques sons, puis des onomatopées bien différentes des cris et grimaces habituelles. Après un apprentissage assidu Mxy004 est capable de parler, il répète à Léon les mots puis les phrases que celui-ci lui a apprises. Léon est fier de son petit singe, il comprend tout ce que Léon lui demande mais refuse de communiquer avec lui. Pourtant Mxy004 parle à son reflet dans le miroir et comme les enfants en jouant avec lui, établit une vraie conversation.

Léon concerte un ami chercheur et, ensemble ils décident de refaire l’expérience sur un autre singe ; même résultat. Alors pourquoi ne pas tenter l’expérience avec d’autres animaux, le zoo est à deux pas du laboratoire et la nuit le gardien est souvent endormi.

Nuit après nuit les animaux du zoo parlent entre eux puis bientôt de cage en cage. Dés le dernier visiteur parti, ils s’agitent, s’interpellent, un vrai brouhaha. Un soir alors que chacun est accaparé par sa conversation, un petit groupe s’organise et réclame l’attention de tous : « il nous faut nous organiser, nous pensons, parlons comme les hommes alors nous avons les mêmes droits qu’eux ! Nous devons élire un chef, notre président ! »

Tous approuvèrent et après quelques nuits mouvementées d’une campagne électorale pleine de promesse le Président Lion est élu. Il a promis à chacun plus d’égalité et une vie meilleure !

Le Président Lion prend ses fonctions non sans une certaine appréhension, pourra-t-il tenir ses promesses électorales ? Alors avec courage il s’enferme dans sa cage et réfléchit.

« Puisque Léon nous a donné la parole, il est temps de mettre les hommes à notre service, pour la population du zoo ce ne sera pas trop difficile puisque déjà le gite et le couvert leur sont fourni sans grande contre-partie : juste amuser les visiteurs et puis quel plaisir de faire rire les enfants ! Mais pour nos amis les animaux domestiques cela est différent, bien sûr je ne pense pas à ces chats et petits chiens qui passent leurs temps à paresser sur un canapé mais aux animaux de la ferme. Comme ces pauvres vaches dans leurs prés contraintes à manger toujours plus d’herbe afin de fournir chaque jour des litres et des litres de lait et ces pauvres poules kidnappées dans de grands hangars sans jamais voir le soleil et qui sont contraintes de pondre de beaux œufs sinon elles iront garnir la table du fermier un prochain dimanche.

Le Président-Lion pense que pour être heureux, il suffit de peu de chose. Le travail est utile dans la mesure où il est reparti équitablement entre tous, les hommes et les animaux. Aussi il est nécessaire de trouver un remède pour amadouer les hommes. Dans le laboratoire de Léon il doit bien y avoir ce qu’il faut, il suffit d’y envoyer les fouines, elles seront ravies de rendre service.

Dans le laboratoire les flacons sont nombreux, comment trouver celui qui correspond à leur projet Quelques heures plus tard la chef des fouines revient avec un flacon de potion, quelques gouttes devraient suffire pour rendre dociles les hommes.

Avant de propager la nouvelle, il est nécessaire de tester le produit, oui mais pour cela il faut un homme et seul Léon est auprès d’eux. Non c’est impensable, ce chercheur ne peut à son tour devenir leur cobaye ! Les animaux se disputent chacun a une bonne raison pour s’opposer ou au contraire vouloir cette expérience. Alors tapi dans son coin le petit singe Mxy004 s’agite et essaye de s’approcher de Léon, il ne veut pas que ce vieil homme certes un peu fou mais si gentil devienne à son tour « leur singe de laboratoire », n’est ce pas grâce à lui si ils vont retrouver la liberté ! Alors d’une petite voix il parvient à convaincre le Président-Lion. L’expérience sera faite sur quelques personnes au hasard !

La nuit suivante un commando composé d’un éléphant, d’un renard, d’un guépard, d’une girafe, d’un gorille, et d’un koala, s’aventure en dehors du zoo et enlève l’équipe de nettoyage des rues, bien sûr le camion poubelle doit disparaître afin de n’éveiller aucun soupçon. Alors le renard, fier de sa dernière acquisition numérique capture l’image du camion poubelle dans son appareil, la transfère aussitôt sur son ardoise magique et appuie sur la touche « supprimer ». Et sous les Oh ! étonné et admiratif de ses amis le camion poubelle disparait. Les hommes hébétés sont jetés dans une cage. Après de longues heures en plein soleil les hommes acceptent sans méfiance la boisson que le gentil koala leur offre. Et les hommes deviennent obéissants, la potion est vraiment magique !

Le zoo est en fête, et très vite la bonne nouvelle se répand sur tout le territoire : les animaux prennent le pouvoir !

Et en quelques jours, c’est fait, les hommes continuent de travailler mais sont soumis aux ordres des animaux, chaque espèce est responsables d’un secteur. Les éléphants deviennent les maitres des transports routiers, les oiseaux du trafic aérien, les guépards des TGV, les girafes du haut de leur long cou surveillent cours et rues, les singes maternent enfants et vieillards, et très vite prennent la direction des services de santé, les renards et les antilopes, alliant ruse et vitesse s’associent pour une police sans faille, les fourmis et autres petits insectes du commerce et évidemment les cigales de l’organisation des loisirs…

Évidemment la concurrence entre les animaux apparait et génère des difficultés, mais la dynastie des Président-Lion veille.

C’est ainsi, qu’en apparence seulement, la terre continue de tourner comme à sa création… mais un jour, peut-être la terre elle aussi…

                                                                                                 Christine D.

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